Interview d’Ève Péré, nouvelle directrice scientifique et financière du projet SPACE
Le 6 mai 2024
Enseignante-chercheuse en chimie à l’UPPA, vice-présidente à l’orientation et à l’insertion professionnelle, Ève Péré était déjà responsable du volet "Accueil, Orientation et Accompagnement" du programme SPACE qui s’adresse à tous les étudiants de licence. Elle remplace en tant que directrice scientifique et financière Frédéric Tesson, enseignant-chercheur en géographie et aménagement, qui pilotait le projet depuis 2018. Elle nous livre les perspectives de SPACE pour les années à venir.
Vous avez pris la responsabilité du projet SPACE en février, comment êtes-vous arrivée là ?
Comme dirait mon collègue Patrice Cassagnard, je fais partie des dinosaures du projet SPACE. En effet, j’ai participé, avec Frédéric Tesson et Patrice, à l’écriture et au montage du projet en tant que vice-présidente à l’orientation et à l’insertion professionnelle.
Depuis son lancement, je suis responsable du volet 2, qui concerne l’accueil, l’orientation et l’accompagnement des étudiants (AOA). En collaboration étroite avec le service d’orientation et d’insertion professionnelle (SCUIO-IP), je suis à l’origine de la mise en place d’un accueil spécifique pour les étudiants dès leur première rentrée en licence et du développement du dispositif PEP’S (Projet d’études et professionnel dans le supérieur) dont l’objectif est d’accompagner les étudiants dans leur réflexion sur leurs projets post-licence.
J’ai également œuvré en tant que membre du comité opérationnel, du comité de pilotage et du conseil de perfectionnement, qui sont les instances directrices pour la mise en œuvre du projet. Ceci m’a permis d’avoir une parfaite connaissance de la structuration du projet et des actions qui sont développées dans les différents volets. Mon implication sur les cinq premières années du projet a fait que le président de l’UPPA m’a accordé sa confiance pour en prendre la responsabilité scientifique et financière.
À titre plus personnel, je suis ravie de relever ce nouveau challenge, de mettre ma “petite touche personnelle” pour faire en sorte que le projet passe son deuxième “Go / No Go” en 2025 par le jury international recruté par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
Quelles sont vos priorités pour SPACE à court et moyen termes ?
L’objectif est de favoriser la réussite des étudiants de licence en mettant leurs projets professionnels au cœur de leurs parcours de formation. Elle passe par la définition de leur projet en identifiant les domaines et les métiers qu’ils ou elles souhaiteraient occuper en se basant sur leurs intérêts, leurs compétences et leurs valeurs, et de l'acquisition des connaissances et des compétences spécifiques pour exercer. De ce fait, chaque individu a des besoins différents en termes de formation.
C'est pourquoi une de nos priorités est de faire en sorte que chaque étudiant puisse personnaliser son parcours de formation. Pour cela, nous continuerons le travail sur les restructurations des cursus de licence autour de colorations orientées spécifiquement vers les familles de métiers et débouchés de la discipline. Ainsi, l’étudiant pourra suivre un parcours en lien avec son projet professionnel, défini via le dispositif PEP’S, et acquérir ainsi les compétences nécessaires à son objectif professionnel ou à sa poursuite d’études.
Travailler et acquérir les compétences disciplinaires et transversales au sein même de la formation et des enseignements nécessite l’utilisation de nouveaux outils pédagogiques et de mise en situation. Une autre priorité sera d’approfondir l’approche par compétences (APC) et d’intensifier notre appel à manifestation d’intérêt permettant d’accompagner et de financer toute innovation pédagogique des équipes de formation.
Nous continuerons le déploiement des dispositifs d’aide à la réussite adaptés à chaque profil d’étudiant (tutorat par les pairs et d’excellence) et le suivi individuel de chaque étudiant à travers le contrat pédagogique et de réussite de l’étudiant (CPRE).
De nombreux travaux ont été mis en œuvre dans chaque volet, ce qui a valu au projet d’être reconduit pour 3 ans lors de l’évaluation par un jury international en 2022. La réussite du programme SPACE et donc de nos étudiants dépend maintenant de l’articulation étroite entre les trois volets.
Le projet SPACE s’inscrivant dans le cadre de la direction des grands projets de l’université, il est indispensable de favoriser sa synergie avec les autres projets de UPPA dont UNITA, et de faire le lien avec le schéma directeur de la vie étudiante et la politique de développement durable et de responsabilité sociétale (DD&RS) de l’établissement.
Enfin, il ne nous faut pas oublier que le projet prend fin en 2028 ; il est donc prioritaire de commencer à réfléchir à sa pérennisation à l’horizon 2028 en positionnant le projet comme feuille de route pour la future accréditation des formations de licence.
Que ressort-il des premières années de mise en œuvre des NCU, nouveaux cursus à l’université, dont SPACE fait partie ?
Les NCU sont en train de complètement réinventer les cursus de licence autour de thématiques communes telles que l’utilisation des outils numériques, l’accompagnement individualisé des étudiants ou encore la mise en situation professionnelle pour évaluer l’acquisition des compétences. Des travaux de recherche sont en cours pour mesurer l’impact de ces transformations sur les réussites des étudiants en termes d’épanouissement lors de leurs premières années à l’université, épanouissement qui peut également passer par une réorientation, un aménagement de cursus ou la réalisation d’un projet professionnel.
La spécificité de certains NCU est de mettre les étudiants au cœur du développement des projets en les sollicitant pour participer à l’élaboration des dispositifs mis en place et à leur évaluation. Ce processus a un double effet. Il permet aux NCU d’ajuster au fil de l’eau leurs dispositifs et aussi aux étudiants de s’engager dans l’amélioration continue de leurs formations.
Cela nous a donné l’idée d’ajouter un volet 4 à notre feuille de route sur le développement stratégique, dans lequel nous accentuerons les collaborations avec les autres NCU dans le cadre de travaux de recherche et de partage des outils, et impliquerons davantage les étudiants dans le développement du programme et de son évaluation.
Les enseignants et enseignants-chercheurs, quant à eux, trouvent dans les NCU les moyens de créer de nouvelles formes d’enseignements qui tiennent compte des évolutions technologiques et des évolutions du public néorentrant aux trajectoires très diverses. Ce travail “invisible” des enseignants et enseignants-chercheurs sur l’innovation pédagogique, le conseil et l’accompagnement des étudiants ou encore l’organisation d’une formation de licence, est enfin valorisé, y compris financièrement, par les NCU.
Le réseau des NCU organise un colloque fin septembre 2024 qui fera un point d’étape sur cinq années de transformation de l’enseignement supérieur. Ce sera l’occasion d’engager la pérennisation des dispositifs qui se seront avérés bénéfiques.